dimanche 13 décembre 2015

1983 Maroc

Vendredi 1er avril 1983
                                              
Jour férié en Alsace (Vendredi saint).
Viviane m’accompagne à l'aéroport de Strasbourg-Entzheim. A 17h45, je prends l'avion pour le Maroc. Escale à Genève.
Par les hublots, un beau et très long spectacle : nous volons vers l’ouest et l’on suit le coucher du soleil.
20h30 (heure locale) : arrivée au MAROC, à l'aéroport Mohamed V de Casablanca.

Officiellement protectorat français depuis 1912, cependant que la région de Tétouan, au nord, et celle d'Ifni, au sud, étaient tenues par l'Espagne, le Royaume du Maroc proclame son indépendance le 2 mars 1956.
Hassan II monte sur le trône chérifien en 1961, à la mort de son père Mohamed V, artisan de la décolonisation. Chef suprême des armées et Commandeur des croyants en sa qualité de descendant direct du prophète, Hassan II tient toujours une place centrale dans la politique et la vie publique marocaines.
Le Maroc est membre de la Ligue arabe depuis 1958.

Je suis attendu à l’aéroport par Hichem, qui vit au Maroc depuis quelques années.
Nous mangeons avec des copains tunisiens à l'hôtel Casablanca, un grand hôtel de luxe. Ce n’est pas ce que je fréquente habituellement. D’ailleurs Hichem ne s’y est pas trompé, en réservant pour moi un hôtel beaucoup plus modeste !
Après le repas, Hichem et ses copains m’y déposent. Je passe la nuit dans une chambre très simple.

Samedi 2 avril 1983

Je passe la journée à Casablanca.
C’est la plus grande ville du Maroc. Capitale économique du pays et première ville du Maghreb, []située sur la côte atlantique, elle emploie à elle seule 46% de la population active du pays. Véritable poumon économique, elle est le premier pôle industriel, première place financière et première zone portuaire. Son port est l'un des plus grands d'Afrique.
Casablanca est loin d'être la ville la plus intéressante pour un séjour. Contrairement à de nombreuses villes marocaines, elle n'a pas une longue et riche histoire et son patrimoine architectural est, somme toute, relativement récent. On ne vient pas spécialement à Casablanca pour visiter la médina traditionnelle mais plutôt pour accéder à une ville moderne du début du XXe siècle.
La place Mohammed V est le véritable cœur de la ville moderne. Difficile de la manquer car elle est située à 300 m au sud de la place des Nations Unies, juste à côté du grand parc de la Ligue Arabe. A l'image de la ville, cette place est un modèle architectural mêlant influences modernes et traditionnelles.
Je me promène dans la ville, je visite différents quartiers.
A midi, je retrouve Hichem et ses amis pour manger à l’hôtel Casablanca.

A 17h30, j’accompagne en voiture un des copains tunisiens jusqu’à Kenitra, un port sur l’Atlantique, au nord de Rabat. Cette ville est tristement célèbre pour sa prison d’opposants politiques au roi Hassan II.
Nous y arrivons à la nuit. J’attends autour de la voiture que le copain en question règle les affaires pour lesquelles il est là. Les rues sont animées. Magasins, échoppes et garages, à la lumière crue des ampoules nues, sont encore en pleine activité.
Nous rentrons à Casablanca pour 22h. Je dors dans le même hôtel qu'hier.

Dimanche 3 avril 1983

A 9h, Hichem et moi partons en voiture vers Marrakech.
240 km sur une route vers le sud, à l’intérieur des terres.
Sur le trajet, deux femmes qui semblent faire de l’auto-stop nous font signe. Hichem s’arrête pour les charger. Bizarrement, il me demande de prendre le volant et s’installe à l’arrière avec les deux femmes ! Discussions animées en arabe. Au bout d’un moment, Hichem me fait signe d’arrêter. On largue les deux en pleine campagne. Ah bon !
Explications d’Hichem : des prostituées !

A 11h30, nous atteignons Marrakech.
Située dans les collines au pied du Haut Atlas, la « ville rouge » a été fondée en 1062 par Youssef Ibn Tachfin, premier souverain de la dynastie des Almoravides. Marrakech atteint rapidement son apogée, en tant que capitale du royaume, au début du XVIe siècle.
Nous arrivons dans un village-vacances de touristes où Hichem, en congé pour deux jours, a réservé une chambre. Ce n’est pas vraiment mon genre de vacances, mais bon !
On s’installe, on mange sur place, on se repose dans la chambre.


Par la suite, on va se promener en ville.
Marrakech est divisée en deux parties distinctes : la médina ou ville historique et la ville nouvelle.
La ville impériale surnommée la « Perle du Sud » ne peut laisser indifférent. La grande place Jamaa-el-Fna et son agitation (de jour comme de nuit !) vaut à elle seule le déplacement. C’est une place située à l’entrée de la médina, à côté de la mosquée Koutoubia.


Ce lieu attire sans cesse des foules de visiteurs venus pour assister aux spectacles animés par les charmeurs de serpents, les dresseurs de singes, les conteurs, les musiciens et d’autres artistes populaires. La place se distingue aussi par des orateurs qui racontent des histoires ou vantent les mérites de produits magiques. Aujourd’hui, un grotesque « charmeur de serpent » gesticule devant la foule bigarrée en manipulant une inoffensive couleuvre de Montpellier.

  

Marrakech, c'est aussi la porte du Sud marocain. Son ambiance, ses couleurs et son climat rappellent que le désert n'est pas loin. Malgré tout, la végétation y abonde ; en effet, les parcs publics, les jardins et les arbres fruitiers le long des grandes artères ont toujours été perçus par les Marocains comme autant de défis à l'aridité.


Alors cette ville impériale apparaît comme un joyau serti dans l'écrin naturel que forment autour les montagnes aujourd’hui enneigées du Haut Atlas.

Lundi 4 avril 1983

Au matin, je vais faire quelques courses à Marrakech.
Puis je passe la journée avec Hichem au bord de la piscine du village-vacances.
Intérêts divergents : Hichem est venu pour se reposer et pour draguer, moi pour visiter. Je trompe mon ennui en observant le manège d’Hichem qui essaie vainement d’emballer deux touristes étrangères.
Intermède pour le repas, dans l’enceinte du village-vacances.
De 15h à 17h, je visite la médina et les souks de Marrakech.


La médina ("ville" en arabe) correspond à la ville historique entourée de remparts en pisé construits par l'Almoravide Ali Ben Youssef en 1132. Cette muraille mesure cinq mètres de haut et deux mètres d'épaisseur et s’étend sur une longueur d'environ 12 km.
Une partie de l’enceinte est encore bien conservée, cependant élargie au moment des agrandissements successifs de la médina, notamment à l'époque almohade. Cette immense enceinte est percée par 19 portes.
A l'intérieur des murailles, se concentre la majorité des monuments historiques de la ville : la mosquée Koutoubia, la place Jamaa el Fna et de nombreux palais ...
Mais ce sont surtout ses souks colorés et bruyants que l'on vient arpenter ici, sans doute les plus riches, les plus divers, les plus fascinants que l'on connaisse.


Mille petits métiers s'y côtoient dans une atmosphère étonnante. Et le tourisme, souvent décrié, a grandement favorisé la redécouverte d'un artisanat aujourd'hui florissant.
Marrakech, c'est aussi un ensemble architectural fascinant, avec ses superbes mosquées et ses palais remarquables qui offrent au voyageur la griserie d'un envoûtement inoubliable. C’est aussi la cour des Miracles : mendiants estropiés, handicapés, hommes troncs… déambulant parmi la foule en burnous et les petits ânes.

A 21h30, jusqu’à 23h, Hichem et moi allons manger dans un restaurant en ville.
Occasion pour nous de parcourir les rues de Marrakech la nuit.

Mardi 5 avril 1983

Matinée au village-vacances : nous mangeons encore sur place.
L'après-midi, nous quittons Marrakech. Nous atteignons RABAT vers 19h, chez Hichem. Il habite un appartement en ville.
Nous allons passer la soirée dans la villa d’un copain marocain d’Hichem jusqu'à minuit.

Mercredi 6 avril 1983

Hichem reprend le travail aujourd’hui.
A 7h30, je pars avec sa voiture qu’il me prête pour la journée.
La végétation du Maroc est essentiellement de type méditerranéen, avec des oliviers et des eucalyptus dans les plaines et des chênes verts en montagne. Mais on a beau se croire seul, il y a toujours quelqu’un pour surgir de nulle part…
Je contourne Meknès et j’arrive à 10h à Fès.
Je sillonne la ville nouvelle, construite par les Français au temps du protectorat. L’avenue Hassan II en est l’artère principale.  Je longe le palais royal, résidence épisodique du roi. On me dit que si le drapeau flotte, c’est que le roi est présent… Ce qui est le cas.


Capitale culturelle et spirituelle du Maroc, Fès est une ville millénaire. Son rayonnement international passé en fait l'une des capitales de la civilisation arabo-musulmane aux côtés de Damas, Bagdad, Cordoue, Grenade, Al Qods...
Deux jeunes Marocains m’interpellent à l’entrée de la médina. Je m’étais bien juré de ne pas me laisser avoir. Mais c’est avec eux comme guides que je vais faire la visite de la médina.
Pour y accéder, il faut rentrer par la grande porte Bab Bou Jeloud.


La vieille ville est un exemple de ville orientale. Le bleu profond de ses céramiques est un des symboles caractéristiques de Fès.
Fès El Bali est la plus vaste médina du Maroc et la plus passionnante. C'est le cœur historique de la ville de Fès. Elle fut classée patrimoine mondial par l'Unesco en 1976. Ses ruelles en labyrinthe mènent vers une multitude de merveilles historiques et de souks.
En la jalonnant, on peut facilement se laisser emporter à travers son histoire, grâce à ses nombreuses mosquées, médersas, fondouks, fontaines et salles d'ablutions, jardins historiques, murailles et remparts, portes fortifiées, mellah et synagogue, manufactures, mausolées, palais et riads, places et souks.


Mes deux compagnons vont me mener dans les moindres recoins des souks et aussi, bien évidemment, chez les commerçants avec qui ils sont en accointance ! Mais, pas de chance, je n’achète rien…

Le quartier des tanneurs reste le témoignage vivant d'une technique ancestrale. Il faut en fait prendre un escalier montant dans un des magasins de cuir pour touristes qui possèdent une terrasse avec vue imprenable sur les puits colorés. Vu la quantité de touristes dans la boutique, ces commerçants ne doivent pas être à plaindre.
Impressionnant ! On débouche sur les terrasses où des générations de tanneurs œuvrent pieds nus dans des cuves de teinture aux odeurs nauséabondes. Les peaux ont été au préalable débarrassées de leurs poils dans des bains de chaux pendant des semaines. Pollution par le chrome et les métaux lourds garantie.
Pour l’heure, les puits sont désertés. C’est l’heure de la pause.

















Je mange dans les souks. Mes deux compagnons attendent que je termine mon assiette. Ils me proposent du kif.
Quelques temps après, je me sépare de mes guides, avec une petite obole en dirhams marocains !

A 14h30 je quitte Fès vers le djebel Zerhoun.
En cours de route, un rond-point que je contourne par la gauche, sans m’en rendre compte… En face de moi, un flic. Je lui fais comprendre par une expression confuse que je me suis trompé. Tel un instituteur qui gronde un enfant, il agite son index d’un air débonnaire. Sans doute la plaque d’immatriculation de corps diplomatique de la voiture d’Hichem y est-elle pour quelque chose !
Plus loin, je charge un auto-stoppeur marocain qui se rend à Sidi-Kacem rejoindre le prochain arrêt d’autobus. Succès garanti lorsque l’on s’arrête. Je comprends à l’air amical et curieux de ses compagnons qu’il leur a raconté quelque chose comme : « j’ai été chargé par l’ambassadeur » !
Je passe ensuite à Kenitra et arrive à Rabat à 18h.

A 19h, Hichem et moi partons pour Casablanca, 90 km plus au sud. Hichem est tout excité. Il doit interviewer le Premier ministre du Maroc à qui il a pu soutirer un rendez-vous.
Sur place, il me reste à attendre qu’Hichem revienne. Ça ne tardera pas trop. Il arrive, furieux. Le Premier ministre, en retard, l’a envoyé promener : « Je n’ai pas le temps, reviens une autre fois. »
Pour nous consoler, nous allons manger de la petite friture dans un restaurant sur le port de Casablanca. Et là, on passe une bonne soirée. La friture est vraiment excellente !
On rentre de nuit à Rabat pour 23h.

Jeudi 7 avril 1983

Quand je me lève, Hichem est déjà parti travailler. Sa femme de ménage marocaine est dans l’appartement, un peu surprise de ma présence.

Je passe la journée à Rabat.
Le matin, je me promène au centre-ville. Je longe le palais royal. Edifié en 1864, il ne peut être admiré que de l'extérieur.


Je retrouve Hichem vers midi en ville. Ensemble nous mangeons dans une cantine administrative où il a ses habitudes.

Dans l’après-midi je visite le mausolée Mohamed V sur l'esplanade de la mosquée Hassan. Il abrite le tombeau du plus populaire des sultans et rois du Maroc, Mohammed V, père de l'indépendance.
Légèrement surélevé, faisant face à l'océan et aux colonnades de la Tour Hassan, le mausolée est bâti en marbre blanc d'Italie.
En face de la porte des Oudaïa, tout en pierre ocre sculptée, s’ouvre l’ensemble artisanal qui est la vitrine du potentiel artisanal local. Architecture très réussie. La visite, agréable, permet de voir travailler des artisans qualifiés, en toute tranquillité, sans être assailli.
Je me rends ensuite à la nécropole de Chellah, fortifiée au XIVe siècle sur l'emplacement de l'antique cité romaine Sala Colonia. Une végétation luxuriante a pris possession du site. Les cigognes ont élu domicile au sommet des vieux minarets. 


Je me promène dans les jardins et ruines. Puis je retrouve Hichem dans la soirée. A 21h, nous allons manger en ville.

Vendredi 8 avril 1983

A 5h30, je prends un bus pour Casablanca. Le jour se lève pendant le trajet.
A 9h30, départ en avion depuis l’aéroport Mohamed V. Escale à Genève.
A 16h30 (heure française) : arrivée à Strasbourg. Viviane et Alexia m'attendent à l'aéroport.


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