Lundi
19 juin 1972
A
9h, départ de Strasbourg avec mon ami tunisien Hichem Mansour pour dix jours de vacances en auto-stop. Nous prenons
l'autobus jusqu'à Kehl (République fédérale d’ALLEMAGNE).
Début
de l'auto-stop. Nous mangeons en cours de route à Karlsruhe.
Nous
poursuivons sur les autoroutes allemandes et arrivons le soir à München
(Münich), capitale de la
Bavière. L'auto mobiliste qui nous a chargés nous fait
visiter la ville en voiture, de nuit. Puis il nous ramène aux abords de la ville.
Nous
montons la tente, à côté d'un champ de maïs. C’est une tente militaire
récupérée dans un surplus américain, formée de deux pans réunis par des
boutons à pression. Au sol, une bâche en plastique pour protéger de l’humidité.
On mange ce qu’on peut (le reste de nos provisions).
Mardi
20 juin 1972
A
l'aube, nous sommes réveillés par un tonitruant « Polizei ! »
Nous sortons de la tente pour nous retrouver face à deux policiers,
pistolets dégainés. Agréable réveil ! Vérification d’identité, contrôle à
l’intérieur de la tente, etc.
On
ne va pas traîner. Après avoir remonté la tente, Hichem et moi passons la
matinée à Münich. On s’arrête dans un parc public où l’on avale un déjeuner
improvisé, sur le pouce.
On
envoie une carte postale à Annie, notre amie commune de l’école de journalisme.
Nous
continuons l'auto-stop dans l'après-midi sur l’autoroute et nous arrivons en AUTRICHE, à hauteur de Salzburg.
L’Autriche est née de l’éclatement de
l’Empire d’Autriche-Hongrie formé depuis 1867. Elle est créée le 12 novembre
1918. La République
d’Autriche est proclamée en 1920.
Située au cœur de l’Europe centrale,
l’Autriche est un pays neutre.
Nous
quittons l’autoroute là où nous laisse la voiture qui nous a chargés. Pas de
succès pour le stop.
A
20h30, nous décidons de camper dans un verger aux abords de Werfen, village autrichien
dans le pays de Salzburg, au cœur de montagnes imposantes, de profondes forêts
et de prairies étendues.
Nous
nous installons sous un arbre fruitier, mangeons sous la tente et allons boire
un pot dans une « bierstub » avant de nous coucher.
Mercredi 21 juin 1972
Au
matin, nous sommes chargés par un Arabe en Mercedes qui retourne au Koweït. Il
est venu acheter sa voiture en Allemagne et rentre par la route. La conversation
se fait en arabe, occasion pour Hichem de parfaire son arabe littéraire entre
deux expressions dialectales maghrébines !
Nous
pique-niquons ensemble en cours de route, aux abords d’un lac, à hauteur de
Klagenfurt (Land de Carinthie). On poste une carte pour Annie.
Nous
montons ensuite dans le massif alpin des Karawanken et arrivons en début d'après-midi,
après une forte grimpée, à Loiblpass (1370 m ), un tunnel - frontière avec la YOUGOSLAVIE. Les douaniers sont
intrigués par nos différents passeports : français, tunisien et
koweitien.
En 1918 est créé le Royaume des Serbes,
Croates et Slovènes, regroupant les Slaves du Sud, qui auparavant étaient
divisés entre la Serbie
et l’Empire austro-hongrois. En 1929, le pays prend le nom de Yougoslavie.
Après la Seconde Guerre mondiale et la victoire militaire des communistes, il devient la République populaire
fédérative de Yougoslavie en 1945, dirigée par Tito. En 1963, la République socialiste
fédérative de Yougoslavie est proclamée. C’est un état fédéral composé de six
républiques. La Yougoslavie , à la
différence des autres pays communistes d'Europe centrale et orientale, choisit
une voie indépendante de l'URSS. Tito rompt définitivement avec Staline en
1948, et ne fait pas adhérer la
Yougoslavie au Pacte de Varsovie créé en 1955. Tito en est
aujourd’hui toujours le Président.
Nous
descendons vers Ljubljana, en Slovénie, traversons la Croatie. C ’est la « route
de la Mort »,
ainsi nommée à cause des nombreux accidents de cette route de plaine toute
droite en destination de la
Turquie , à travers la grande plaine pannonienne. En effet,
nids de poule et vitesse excessive en font une route réputée dangereuse.
Les
villageois s’affairent dans les champs. Les coiffes des femmes colorent le
paysage. Travaux manuels, peu de mécanisation, beaucoup de carrioles à
cheval…
A
23h20, nous arrivons à Belgrade, en Serbie. L’automobiliste koweitien nous
dépose à l’entrée de la
ville. Nous montons la tente dans la nature, discrètement à
l’écart de la route et hors de vue. On verra demain !
Jeudi
22 juin 1972
Nous
laissons la tente en place et prenons un
autobus pour entrer en ville.
Nous
passons la journée à BEOGRAD (Belgrade).
Belgrade
est considérée comme un carrefour entre l’Orient et l’Occident . Par son histoire, Belgrade,
au moins depuis la présence romaine et particulièrement du fait de la longue
présence ottomane, a souvent joué un rôle de ville frontière et de lieu de
rencontre entre les civilisations.
L’autobus
nous dépose au marché de Zeleni Venac, l'un des plus importants de Belgrade,
créé en 1924 et conçu comme le grand marché en plein air du centre ville. Populaire,
coloré, il fait penser à l’Afrique du Nord, me dit Hichem.
Attention :
ne pas oublier la carte postale pour Annie !
Nous
visitons la ville.
Difficile de se repérer, avec les noms de rues en alphabet
cyrillique indéchiffrable.
Le
serbe comme le croate appartiennent à la
branche méridionale des langues slaves. La Yougoslavie communiste
tente de fusionner, en raison de leur proximité lexicale, les deux normes en
une seule sous le nom de serbo-croate. Les tentatives d’estomper les
différences entre le serbe et le croate deviennent les composantes d’une
politique linguistique officielle.
Le
serbo-croate, langue officielle, est transcrit en alphabet latin en Croatie et
en alphabet cyrillique en Serbie.
Un
jeune nous aborde, se joint à nous et nous guide toute la journée dans la ville. Nous mangeons
dans une gargote avec lui et quelques copains.
L'après-midi,
nous visitons entre autres le Musée national,
sur la « Trg Republike » (place de la République ) : panorama
très complet de l’archéologie et de l’art de la Serbie , ainsi qu’une très
riche collection de peintres impressionnistes.
On
mange une glace, et on se sépare de notre guide. Devant la gare routière, on
essaie tant bien que mal de trouver un bus, en parlant en « petit
nègre » local : « autobus, peripheria grada, direction
Zagreb ? » Quelqu’un finit par me comprendre…
Pour
22h, nous rejoignons en autobus notre campement aux abords de Belgrade.
Vendredi
23 juin 1972
Aujourd’hui,
après avoir levé le camp, nous repartons en auto-stop de Belgrade à Zagreb. Non
sans difficulté (la pluie, entre autres), nous arrivons dans la soirée à Zagreb,
en Croatie.
Nous
mangeons dans un self-service et renonçons à passer la nuit sous la tente. Nous nous
rendons dans une auberge de jeunesse.
Située
sur une grande avenue, elle est peuplée de jeunes Russes. On veut prendre une
douche. L’une d’entre elles est occupée : « hi, hi… ich bin
Petrouchka », nous lance une jeune fille, manifestement peu farouche…
Hichem
s’en souvient encore ! * On ira pourtant dormir seuls…
* en 2015 !
Samedi
24 juin 1972
Aujourd’hui,
auto-stop de Zagreb à Rijeka, sur la côte adriatique yougoslave. Pas
facile !
Nous
nous dirigeons vers l’Italie et atteignons Podgrad, un village d’Istrie, en
Slovénie. Nous
montons la tente à la sortie du bourg, dans un pré au bord de la route.
Le
fou du village se promène dans les rues, au demeurant fort sympathique !
Dimanche
25 juin 1972
Nous
essayons de faire de l’auto-stop toute la matinée sans succès. J’en profite
pour terminer de composer un poème : « La magie de la terre ».
Une
grosse voiture s’arrête quand même. Seulement voilà, le monsieur ne veut que
moi, pas Hichem ! Hum, non merci !
A
12h40, nous prenons un autobus jusqu'à la frontière italienne. Problème :
nous n’avons plus de dinars yougoslaves, seulement des lires italiennes. On
monte quand même, sans payer. Grommellements du chauffeur. Que va-t-il
faire ?
Finalement,
nous arrivons sans encombre à la frontière italienne. On descend du bus (on
n’insiste pas pour dire merci !) et on passe à pied la douane.
Nous
sommes en ITALIE.
L'Italie est l'un des membres fondateurs de la Communauté Economique Européenne.
Nous
gagnons à pied Trieste, sur la mer Adriatique, et nous traversons la ville.
Après
la Première Guerre
mondiale, l'Autriche-Hongrie fut démantelée et l'Istrie passa à l'Italie qui
réussit peu après à annexer Fiume (Rijeka). Après la Seconde Guerre
mondiale, l'Istrie fut disputée par l'Italie qui ne garda au bout du compte (en
1954) que Trieste (ainsi coupée de son arrière-pays) et la Yougoslavie qui annexa
le reste.
Nous
faisons 10 km
à pied dans la soirée pour quitter la ville, sur une route en corniche qui
surplombe la
mer Adriatique. Auto-stop
quasiment impossible. Nous serons tout de même chargés pendant quelques
kilomètres.
La
fatigue (et le découragement) se faisant sentir, nous campons près de
l'autoroute à Ronchi-del-Legionari.
[Depuis
Strasbourg, nous avons parcouru 2000
km en auto-stop.]
Lundi
26 juin 1972
Même
scénario ce matin. Découragés, on décide de prendre le train.
Alors,
effectivement, à 13h34, nous montons dans un train à Monfalcone.
Nous
débarquons à Venezia (Venise) à 15h15.
Sortant
de la gare Santa Lucia, on est tout de suite dans l’ambiance. On débouche sur
le Grand Canal, artère fluviale principale de Venise. Pouvoir d’attraction et
de fascination extraordinaire. Toute une ville sans aucune voiture !
On
se promène et on se perd dans les ruelles tortueuses, par-dessus les canaux,
au milieu des palais. Forcément frustrant puisqu’on ne fait que passer !
La
place Saint-Marc, avec la basilique Saint-Marc, le campanile et le palais des
Doges, est le cœur de la ville. C’est l’une des places les plus célèbres du
monde. Son caractère unique vient de la beauté des édifices qui la bordent et
de l’élégance des lourds drapés qui l’habillent.
On
écrit à Annie. On mange le soir dans une « trattoria ». Puis on se
promène de nuit en ville...
Mardi 27 juin 1972
... A
0h34, nous prenons le train pour Milan. Nous y arrivons à 5h. On traîne notre
ennui dans la gare.
De 7h à 7h35,
on effectue le trajet en train Milan – Como (Côme).
On
passe la matinée à Côme, au bord du lac : lieu de prédilection des
romantiques du XIXe siècle, séjour préféré des souverains de tous
les pays, paysages merveilleux de l’imagerie traditionnelle de l’Italie.
Quant
à nous, on n’a pas la même approche. Le temps est pluvieux, l’auto-stop ne
marche pas. Après une engueulade entre nous pour savoir si on continue en stop
ou non, nous prenons le train à midi pour Chiasso, en SUISSE.
La Confédération suisse était une confédération de cantons au sein du Saint Empire romain germanique, à partir de 1291. Indépendante de fait depuis le 22 septembre 1499, elle a acquis son indépendance de droit à la paix de Westphalie le 24 octobre 1648. C'est un état fédéral depuis 1848. Le pays a une longue tradition de neutralité politique et militaire, et abrite de nombreuses organisations internationales.
La Confédération suisse était une confédération de cantons au sein du Saint Empire romain germanique, à partir de 1291. Indépendante de fait depuis le 22 septembre 1499, elle a acquis son indépendance de droit à la paix de Westphalie le 24 octobre 1648. C'est un état fédéral depuis 1848. Le pays a une longue tradition de neutralité politique et militaire, et abrite de nombreuses organisations internationales.
Chiasso est
une bourgade de l’extrémité sud du canton du Tessin, de langue italienne.
Située à la frontière avec l'Italie, elle est la commune la plus méridionale du
pays.
Nous
traversons la Suisse
en train : Chiasso - Basel (Bâle).
Nous
parcourons la ville de Bâle à pied puis rentrons en auto-stop à Strasbourg par
les autoroutes allemandes.
Après la frontière de Kehl, dans le quartier du Port du Rhin, nous passons dire bonjour à un de mes anciens copains d'armée, Michel Dziuba.
Nous rentrons à Strasbourg et allons nous coucher vers 22h au FEC, le foyer où j'ai ma chambre.
Après la frontière de Kehl, dans le quartier du Port du Rhin, nous passons dire bonjour à un de mes anciens copains d'armée, Michel Dziuba.
Nous rentrons à Strasbourg et allons nous coucher vers 22h au FEC, le foyer où j'ai ma chambre.
*****
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire