Dimanche 8 avril 1984
Arrivé la veille avec Viviane et Chantal à Lyon,
j’ai passé l’après-midi et la nuit chez Jean-François, un ami de Viviane.
Jean-François et sa femme m'emmènent pour 16h30 à
l'aéroport de Lyon-Satolas.
A 17h55, décollage pour l’île de Malte, dans un
avion d’Air Malta.
A 20h, atterrissage à l'aéroport de Luqa, à MALTE.
Occupée en 1800, annexée officiellement à l'Empire
britannique en 1814, Malte devient indépendante le 21 septembre 1964, dans le cadre du Commonwealth, mais conservant la reine Elisabeth II comme
chef de l’Etat. Ce n'est que 10 ans plus tard, le 13 décembre 1974, sous
l'impulsion du premier ministre Dom Mintoff qu’est proclamée la République de Malte qui élit un président à sa
tête, tout en restant membre du Commonwealth.
Le territoire maltais est un archipel, situé au
centre de la mer Méditerranée, entre l'Afrique du Nord et la Sicile.
Les deux îles principales sont habitées :
Malte et Gozo.
Un taxi m'emmène à VALETTA (La
Valette ),
la capitale. La nuit est tombée sur Malte.
Je loge dans une "guesthouse" (pension)
du centre-ville, réservée à l’avance depuis la France : une modeste
chambre aux murs badigeonnés à la chaux.
Je me balade de nuit à La Valette jusqu'à 22h.
Premières impressions nocturnes…
Lundi 9 avril 1984
Je passe la journée à La Valette.
L’Ordre de St Jean de Jérusalem fut maître du destin de Malte durant 268 ans.
Je visite tout d’abord le « Grand masters'
palace », le palais des Grands Maîtres.
Dans ce
palais, se réunissaient tous les hauts dignitaires de l'ordre. De cette période, reste la
grande richesse des tapisseries, sculptures et peintures.
Cité d'art, d'architecture et d'histoire, La Valette et ses environs
constituent l'un des plus beaux ensembles fortifiés au monde. Derrière ses remparts
érigés sur le mont Sciberras, l'actuelle capitale a conservé son unité, malgré
les dommages causés lors de la Seconde Guerre mondiale.
La ville est tracée au couteau, en plan symétrique avec
des rues parallèles et perpendiculaires. Republic Street, la rue principale,
traverse la ville.
Elle est noire de monde. Les maisons ont un style un
peu oriental avec leurs balcons fermés typiques, ou moucharabiehs.
La ville possède de jolis petits jardins comme celui
de l'Upper Baracca, où il y a une vue magnifique du port de La Valette.
Je fais ensuite le tour des remparts de la ville.
Je visite également le musée de la guerre. Après cela, il est midi. Je
m’arrête pour manger dans un snack.
Dans l’après-midi, je visite le musée de l'archéologie
situé à l’auberge de Provence, une des auberges des chevaliers de l’Ordre :
des poteries préhistoriques, des statuettes et objets en pierre recouvrés
des temples mégalithiques maltais y sont exposés.
Je me rends ensuite à la projection d'un montage
audiovisuel sur Malte : "The Malta experience".
Lorsque j’en sors, en début de soirée, il fait
encore chaud dans les rues. Ici le climat
est de type méditerranéen, tempéré par la brise marine.
Le soir, je mange dans un restaurant au centre-ville.
Ensuite je me rends dans un bar, non loin de la pension où je loge. Bar en
sous-sol, accessible par un escalier en descente depuis la rue.
Conversation en toutes langues ou avec les mains. On
finit toujours par se faire comprendre !
Les langues
officielles de Malte sont l’anglais et le maltais. Le maltais est une langue
unique en son genre, de racine sémitique, qui ressemble à l’arabe, mais avec
un alphabet latin.
Je reste au bar jusqu'à 21h30.
Mardi 10 avril 1984
Au matin, je rejoins la gare routière de La Valette. On peut joindre facilement tous les points de
l’île. La plus grande longueur du sud-est au nord-ouest est de 27 km . Les autocars sont
pour le moins exotiques. Très colorés, brinquebalants, remplis d’icônes et
bondieuseries en tout genre, ils roulent toutes vitres et portes ouvertes.
Ce sont d'anciens
autocars anglais des années 50, 60 et 70 !
Ces véritables musées roulants sont en
parfait état de marche et assurent au quotidien des liaisons sur toute l'île.
Je prends un autobus pour Tarxien.
Les
temples mégalithiques de Tarxien sont un ensemble de trois temples dont le plus
vieux est estimé remonter à l'an 2800
av. JC.
Contrairement aux mégalithes français
qui ont un but funéraire ou astronomique, les temples mégalithiques maltais
sont voués au culte. Les temples contiennent de nombreuses statues et reliefs
d'animaux, dont des boucs, pour lesquels Malte est réputée, et des cochons. La statue la plus impressionnante fait 2,5 mètres de haut et
est supposée représenter une Déesse Mère. D'autres statues sont disséminées un
peu partout autour des temples, et représentent la fertilité.
Je me rends ensuite à Paola,
à un kilomètre de là. L’Hypogée est un monument souterrain de l’âge du
bronze n’ayant aucun équivalent dans le monde. Ce temple néo-mégalithique consiste
en cavernes, alcôves et passages taillés dans le rocher.
Je rentre à La Valette et je mange en ville.
L'après-midi, je monte dans un bus jusqu'à Marsaxlokk, village de pêcheurs au
sud-est, deuxième plus grand port naturel de l’île. Dans le bus, je retrouve un
jeune Tunisien rencontré hier soir au bar.
Dans
ce port se trouve la plus grande flottille de pêche de l’île. Barques bigarrées et
colorées. Ce sont les bateaux de pêche traditionnels maltais,
les luzzu, avec leur œil peint sur la proue.
Le copain tient à me photographier devant les
barques.
C'est dans cette "baie du sirocco" (Xlokk), que débarquèrent
les premiers Phéniciens pour installer, au IXe siècle avant J-C, des
comptoirs sur l'île. Au cours du Grand Siège, Marsaxlokk servit également de
mouillage à la flotte turque.
Depuis le port, je m’éloigne à pied dans la campagne
en fleurs.
Un bémol pourtant à cette douceur : partout,
sur le bord des chemins, s’élèvent de petites cages fixées sur des poteaux, où
des passereaux servent d’appeaux pour
attirer d’autres oiseaux. Et les chasseurs sont cachés dans des huttes, à
l’affût…
J’atteins Delimara
Point, promontoire en bord de mer à l’est de l’île. Fort Delimara fut construit par les Britanniques en 1881 afin de garder
l'entrée de la baie de Marsaxlokk.
Je rentre vers 17h à La Valette. Je me repose dans ma
chambre.
Plus tard, sortant du restaurant, je m’égare dans
une petite rue sombre derrière l’ambassade de Libye. Deux femmes m’accostent,
se collent contre moi, l’une par devant, l’autre par derrière. Je sens aussi
que l’on fouille dans mes poches ! Je me dégage assez violemment et je ne
demande pas mon reste…
Je me réfugie au bar jusqu'à 23h ! Comment
est-ce que je fais pour tout comprendre et me mêler à la conversation ?
Le whisky, ça aide…
Mercredi 11 avril 1984
Départ de la gare routière, vers 10h.
L’autocar est bondé. Une jeune bonne sœur pleine de
vie monte alors. Et c’est un petit vieux tout malingre qui se lève pour lui céder
la place ! Elle s’assoit sans même dire merci !
Je suis scandalisé. L’Eglise catholique est ici toute puissante et règle la vie des habitants.
Il n’est que de voir la taille impressionnante
des églises.
J’arrive à Rabat,
ville au riche patrimoine à une douzaine
de kilomètres de La Valette.
Une villa romaine du Ier siècle abrite le
musée des Antiquités qui montre la richesse et la magnificence de l’île
sous la domination romaine.
A la sortie de la ville, je visite les catacombes
de Saint Paul, vaste ensemble de galeries et de lieux de sépulture des
chrétiens au IVe siècle.
Je mange dans un bistro en ville.
L’après-midi, je me rends aux catacombes de Sainte
Agathe, elles aussi typiques des cimetières chrétiens souterrains de l’époque.
Je me dirige ensuite vers l’église Saint Paul qui abrite en son sous-sol
la grotte de Saint Paul. L’apôtre aurait
habité cette caverne durant son séjour de trois mois à Malte, après son
naufrage en 60 après J-C.
La ville médiévale de Mdina est attenante à Rabat. Ancienne capitale de Malte, Mdina trône sur un promontoire rocheux.
Les
origines de cette ville remontent à plus de 4000 ans, mais ce sont les Arabes
qui la fortifièrent au IXe siècle et lui donnèrent son nom actuel.
On y pénètre en passant
sous sa célèbre porte, la « Mdina Gate ». Je me promène dans les
étroites ruelles de la ville. Il se dégage des ruelles et maisons de maître un
calme et une sérénité uniques.
Je visite le musée
d’histoire naturelle, situé dans le palais Vilhena.
La cathédrale Saint Paul
domine la ville. Elle fut construite il y
a plus de 300 ans sur les ruines d'une église du XIIe siècle.
Je reprends un bus. Sur le
trajet, je m'arrête au village
artisanal de Ta'Qali. Inauguré en
1973 pour aider à développer l’artisanat, il permet de voir la fabrication
d’articles faits à la main : poteries, articles en bois ou en pierre
calcaire, verre soufflé, objets en filigrane d’or et d’argent… J’en profite
pour faire quelques achats en livres maltaises (la monnaie locale) et ramener
des souvenirs (notamment une plaque en émaux représentant des oiseaux, destinée
à Jean-Lionel, qu’il ne voudra jamais mettre dans sa chambre !)
Je rentre à 17h30 à La Valette.
Après le restaurant, je vais au bar jusqu'à 22h.
Jeudi 12 avril 1984
Je prends l'autocar jusqu'à Cirkewwa, la pointe
nord-ouest de l’île, et le point le plus éloigné de La Valette.
De là, j’embarque sur un car-ferry pour l'île de Gozo, à 6 km de l’île de Malte. C’est
la deuxième île de l’archipel (15
km sur 8).
On débarque à Mgarr, le seul véritable port de Gozo
où accostent les ferries. Je monte dans un autobus de Mgarr à Victoria, la capitale de l'île.
La citadelle possède des fortifications historiques
impressionnantes, des restes de vieilles maisons et une magnifique cathédrale.
Je mange à Victoria.
L’après-midi, par des petites routes bordées de
murets, je marche jusqu'à la basilique de Ta'pinu,
en rase campagne, près du village de Gharb. Dans sa simplicité, c’est une des
églises les plus éminentes de Gozo et un lieu de pèlerinage.
Je suis étonné par la quantité d'églises qui se
dressent au milieu des petits villages.
Certaines de ces églises ont la taille d'une
cathédrale. D’ailleurs on n’est seul nulle part. De partout dans la campagne
jaillissent des églises, des villages et bien sûr des Maltais !
La république
de Malte possède d’ailleurs une densité record de 1015 habitants au km². C’est
la plus forte d’Europe, hormis Monaco.
Toujours à pied, dans la végétation méditerranéenne,
je me dirige vers la côte ouest de l’île.
J’atteins "Azur
Window", certainement le site naturel le plus spectaculaire de l'archipel
maltais. C’est une arche naturelle creusée dans les falaises escarpées.
Vue sur les hautes falaises calcaires tombant à pic dans
Je fais un peu d’auto-stop pour rentrer à Mgarr.
Il n'y a pas que les bus qui soient d'un autre
temps. On rencontre à Malte beaucoup de vieilles voitures anglaises. La conduite est également un
peu fantaisiste. A Malte, la conduite à gauche se transforme souvent en conduite au
centre et les dépassements s'effectuent parfois de manière inattendue.
Je suis de retour
à Mgarr pour 17h. Le car-ferry s’éloigne du port au soleil couchant.
Il effectue la traversée en sens inverse jusqu’à
Cirkewwa . Je rentre en bus à La
Valette où j'arrive à 19h.
Vendredi 13 avril 1984
Le matin, je visite la cathédrale St Jean à La Valette , ainsi que son
musée et l'oratorium. La cathédrale Saint-Jean surprend d'abord par sa façade
austère puis émerveille ensuite par sa nef longue de 58 m , qui est entourée par des
chapelles latérales consacrées aux différentes langues de l'Ordre. Cette
cathédrale est aussi une nécropole puisque le sol est recouvert de 369 pierres
tombales de marbre polychrome.
Après cette visite, je prends le bus jusqu'à Qrendi.
De là, je pars à pied visiter les temples préhistoriques de Hagar Qim.
Malte recèle le plus grand ensemble d'édifices mégalithiques découverts
à ce jour dans le bassin méditerranéen.
Le site de Hagar Qim, au sud de l'île, est certainement le plus
spectaculaire d'entre eux. Il fut édifié il y a 6000 ans par une mystérieuse civilisation, peut-être
venue de Sicile. Comment cette
population, qui ne connaissait pas le métal, a-t-elle pu tailler ces blocs de
plus de 100 tonnes et réaliser ces travaux titanesques ?
A l'intérieur : des
couloirs, cinq salles ovales, et un autel qui devait servir à des sacrifices.
Tout tend à démontrer
qu'il s'agissait probablement d'un temple, voué à un culte mystérieux.
L’après-midi, je poursuis à pied le long de la route
jusqu’au bord de la mer. Je m’arrête dans un petit restaurant en surplomb des
falaises pour manger du requin.*
La côte occidentale de Malte est escarpée et descend
à pic sur la mer, mais par endroit, elle forme des pentes dans les falaises. Wied
iz-Qurrieq, semblable à un petit fjord, est l'un de ces endroits, étroit bras
de mer, abri pour les barques, d'où il est possible d'embarquer pour admirer la Grotte Bleue. Je
monte dans un petit bateau local à moteur (luzzu) qui fait le tour des
falaises et mène à la Grotte Bleue.
C’est une grotte profonde, endroit magique où le
fond de la mer est visible, d'un bleu intense et d'une transparence absolue.
Ce soir, discussion avec un Tunisien, un Finlandais
et des Maltais…
* Ce que je ne ferais plus, à l'heure actuelle !
Samedi 14 avril 1984
Ce matin, je me rends à Sliema pour 11h.
Je dois y confirmer dans une agence d’Air Malta mon
retour en avion pour demain.
Située près de
Saint Julian's, Sliema tire son nom de l'arabe salam, qui signifie "paix", mot que les marins maltais
prononçaient pour saluer leur entrée dans le port de Marsamxett après un long
séjour en mer. Sliema est devenue, à partir du milieu du XIXe siècle,
un lieu de villégiature pour la population aisée de La Valette.
Le front de mer d'une longueur de 5 km est bordé d'hôtels, de
restaurants et d'immeubles résidentiels. Je me promène en ville et je mange
dans un snack.
De 14h à 16h, je lis au soleil, assis sur les
rochers au bord de la mer. Température agréable mais petit vent un peu frais.
Je rentre à La Valette à 17h.
Je passe la soirée au restaurant du centre-ville où
j’ai mangé souvent pendant la semaine, grande salle populaire où sévit la
télévision, chaîne italienne principalement. J’annonce mon départ au serveur
qui commençait à me connaître.
Dimanche 15 avril 1984
Au matin, je visite le musée des Beaux-Arts à
La Valette ,
sis dans un palais du XVIIIe siècle, qui abrite des peintures, des
sculptures, des meubles et des objets liés à l’Ordre de St Jean.
Je vais chercher mes bagages à la « guesthouse » et, à 13h30, je pars en bus à l'aéroport de Luqa.
14h45 : départ de l'avion.
16h45 : arrivée à Lyon. Viviane et Chantal
m'attendent à l'aéroport. Nous allons manger dans un restaurant à Chalamont (Ain).
Trajet de retour vers Strasbourg. Arrivée à la
maison vers 1h30 du matin.
*****
Rencontrer Malte, ses mégalithes... A voir... Richesse de la découverte de l'île. Mais qu'en restera-t-il dans un siècle ?
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